Quand j’étais ado, la source de renseignements imagée se trouvait dans les livres pornographiques dérobés à nos parents. Aujourd’hui, en quelques secondes sur un téléphone, un ado peut se régaler de scènes pornographiques. Bienvenue dans le monde du sexe à l’ère numérique !
Un thème inquiétant parmi tant d’autres : dans le porno il y a rarement de place pour représenter le sexe protégé. Nous voyons de gros pénis de l’ordre de 20 cm ou plus mais aucun n’est entouré d’un préservatif externe. Quant aux femmes c’est la même chose, le préservatif interne n’est presque jamais en place pour les scènes avec pénétration. Si vous n’êtes pas d’accord avec cette remarque et que vous connaissez des sites où la contraception est mise à l’honneur, n’hésitez pas à m’en faire part.
Lorsque j’interviens dans les classes de secondes dans le cadre des cours d’éducation à la vie affective et sexuelle, j’ai souvent la question suivante : « comment choisir la bonne taille de préservatif ? » ou encore « est-ce que la pilule donne le cancer ? « . C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire cet article sur la contraception.
Le préservatif
Nous trouvons le préservatif masculin ou féminin appelé aussi préservatif interne ou externe. C’est un mode de contraception qui empêche aussi bien la fécondation que la transmission des Infections sexuelles transmissibles. Sur Amélie.fr vous pourrez trouver des informations quant au remboursement de ce dernier. En gros : pour les personnes de moins de 26 ans, depuis le 1er janvier 2023, certains préservatifs sont pris en charge à 100 % sans prescription médicale et sans minimum d’âge en pharmacie. Il s’agit des préservatifs suivants :
- pour les femmes : les préservatifs de la marque « Ormelle » (la gratuité porte sur les paquets de 5 et de 10 préservatifs) et ceux de la marque « So sexy & smile » (la gratuité porte sur les paquets de 3 et de 10 préservatifs).
- Pour les hommes : les préservatifs des marques « Eden », « Sortez couverts ! », « Be Loved » et « Terpan ». Vous pouvez également trouver des préservatifs gratuits dans les Centres de santé sexuelle ou à l’infirmerie des lycées.
Le préservatif interne est une gaine de nitrile, de polyuréthane ou de latex munie d’un anneau souple aux deux extrémités. Il peut être placé dans le vagin 4 à 6 heures avant le rapport sexuel potentiel car il n’est pas simple à installer dans la précipitation. Il doit bien sûr être changé à chaque pénétration et ne doit pas être utilisé en même temps qu’un préservatif masculin. L’avantage de ce mode de contraception est qu’il recouvre bien la vulve et le clitoris permettant ainsi une barrière redoutable contre les IST.
Le préservatif externe est une gaine en latex ou polyuréthane qui se déroule sur le pénis en érection, juste avant la pénétration. Il en existe de plusieurs tailles mais en général la taille standard convient à la plupart des messieurs. Pour l’enlever correctement après un rapport, il ne faut pas attendre la fin de l’érection. Bien retenir le préservatif à la base du pénis puis faire un nœud avant de le jeter dans une poubelle. Il doit lui aussi être changé à chaque rapport.
L’implant contraceptif
C’est un petit bâtonnet en général placé sous la peau de la face interne du bras pour trois ans. Je vous conseille de le faire tourner régulièrement entre vos doigts sous la peau pour qu’il ne crée pas d’adhérences et qu’il ne soit pas difficile à retirer au bout des trois ans.
Si vous êtes du style à oublier votre pilule régulièrement, il est fait pour vous. Pour plus de sécurité l’implantation a lieu pendant les règles mais il peut être placé directement après un avortement du premier trimestre. C’est un mode de contraception progestatif qui modifie la glaire cervicale (plus connue sous le nom de pertes blanches) et bloque l’ovulation. Les effets indésirables les plus couramment rapportés sont la prise de poids, des maux de tête et de l’acné mais il est généralement bien supporté. Je peux vous recommander d’être patiente car les premiers mois il entrainent effectivement quelques effets indésirables qui disparaissent au bout de six mois. Vous êtes protégée dès la pose mais les cycles seront irréguliers pendant quelques mois et des saignements intempestifs pourront apparaitre. Ensuite, les règles disparaissent parfois complètement.
La contraception d’urgence
Plus couramment appelée « du lendemain » elle doit en fait être mise en place le plus rapidement possible.
Il existe la pilule qui se définit comme un seul comprimé à prendre le plus rapidement possible et au plus tard dans les 3 jours qui suivent le rapport sexuel sans contraception pour les spécialités à base de levonorgestrel et dans les cinq jours pour la spécialité à base d’ulipristal acétate. Depuis le 1er janvier 2023, la contraception d’urgence hormonale ou « pilule du lendemain » ou pilule de contraception d’urgence peut être délivrée dans une pharmacie, gratuitement, sans prescription médicale et sans avance de frais, à toute personne mineure ou majeure. Vous pouvez également la trouver auprès de l’infirmière scolaire ou encore dans les Centre de dépistage ou les Centres de santé sexuelle.
Vous ne le savez peut-être pas mais la pose d’un stérilet dans les cinq jours suivant le rapport mal protégé est également une méthode de contraception d’urgence efficace. Bien sûr, c’est un peu plus contraignant que la pilule car il vous faudra un rendez-vous dans la mesure où c’est un médecin ou une sage femme qui réalise la pose.
La pilule ou contraception hormonale
Il en existe deux sortes :
- la pilule combinée ou oestroprogestative : elle imite les hormones féminines pour bloquer l’ovulation chaque mois.
- la pilule progestative : elle entraine l’épaississement de la glaire cervicale au niveau du col de l’utérus et empêche ainsi le franchissement des spermatozoïdes. Elle peut aussi bloquer l’ovulation en faisant baisser la concentration d’hormones dans le sang.
L’efficacité de la pilule est très bonne à condition de la prendre tous les jours ou 21 jours dans le mois suivant les formes de commercialisation et ceci à heure fixe sans oubli.
Dans les années 90, la piule a fait l’objet de polémique par rapports aux risques encourus avec des pilules de 3ème génération par rapport aux 2ème génération. En 2012 une plainte a également créé un important débat médiatique suite à un AVC sous pilule. Retenons que le risque zéro n’existe pas mais que notre hygiène de vie et nos antécédents familiaux ont leur importance dans le choix de notre contraception. Les femmes porteuses d’une thrombophilie biologique congénitale, les fumeuses et les femmes souffrant de migraines ont un risque aggravé de maladie veineuse thromboembolique sous pilule combinée (oestroprogestative). Selon l’OMS, il existe un effet négatif avec l’association ; âge supérieur à 35 ans + tabac + pilule particulièrement s’il s’agit d’une 3ème génération.
De manière générale, retenez qu’il est nécessaire de faire pratiquer un examen minutieux par le prescripteur pour connaître les antécédents familiaux et limiter les risques. Le danger naturel existe mais il augmente avec l’âge, l’obésité, en cas d’immobilisation prolongée et dans la période post accouchement.
Qu’en est-il du cancer ? Sous pilule, les études montrent une légère augmentation du risque de cancer du sein qui décroit progressivement après l’arrêt total de la prise et disparait au bout de 10 ans. Ce risque est majoré en fonction de la durée d’utilisation et en cas de début de traitement avant l’âge de 20 ans. Selon les chercheurs, ce n’est pas la pilule qui déclenche une tumeur, celle-ci serait déjà initiée et la pilule accélèrerait simplement son développement. En revanche, ce qu’on ne dit pas assez, c’est que les études mettent en valeur une diminution des cancers de l’endomètre, de l’ovaire, du côlon et du rectum sous pilule. La protection contre le cancer de l’ovaire s’explique par le fait que les ovulations répétées créent un traumatisme épithélial et comme la pilule bloque généralement l’ovulation, elle évite ce traumatisme. Quant au cancer colorectal, la protection serait expliquée par la baisse de la concentration en acides biliaires dans la bile et le côlon.
Sous pilule progestative, en l’absence d’œstrogène, les risques cardio vasculaires sont nuls. Il n’y a donc aucun risque de thrombose veineuse profonde (phlébite) ou d’embolie pulmonaire et pas d’effet délétère sur le cancer du sein. C’est une pilule recommandée pour les femmes qui fument, sont en surpoids, qui ont des problèmes de circulation sanguine ou des troubles cardiovasculaires.
Le stérilet ou dispositif intra utérin
Bien que le terme soit trompeur, le stérilet ne rend pas stérile. Il s’agit d’une méthode de contraception classique et d’urgence. Lorsqu’il est possible d’estimer l’ovulation, on peut se faire poser un DIU cuivre au delà de 5 jours après le rapport sexuel non protégé à condition que la pose n’intervienne pas plus de 5 jours après l’ovulation.
Le DIU au cuivre est toxique pour l’ovule et le spermatozoïde. Il crée une réaction inflammatoire au niveau de l’endomètre et limite l’implantation.
Le DIU hormonal au lévonorgestrel (Mirena) limite le développement de l’endomètre, agit sur la glaire cervical au niveau du col et bloque l’ovulation. Il est maintenant plus utilisé que le DIU au cuivre réputé pour entrainer des règles abondantes.
Et pour conclure
S’il faut retenir une chose c’est que la contraception doit être choisie avec soin et adaptée à chaque patiente en fonction de ses besoins et de son profil médical. Souvent, dans les interventions scolaires d’éducation à la vie sexuelle et affective on entend qu’un examen clinique n’est pas obligatoire pour une prescription et c’est vrai ! Pourtant, je ne saurais que vous conseiller le contraire. Parlez de vos antécédents médicaux, demandez un examen clinique et un examen génital pour écarter toute inquiétude. Choisissez un praticien avec lequel vous êtes à l’aise et s’il n’est pas vraiment disponible pour une anamnèse (informations et antécédents médicaux) approfondie, consultez un sexothérapeute en amont.
La contraception est l’affaire des femmes mais aussi des hommes qui doivent se sentir concernés et impliqués dans cette décision importante.
Je ne vous ai pas présenté les moyens de contraception moins usités tels que l’anneau, le diaphragme ou encore le patch mais je reste à votre écoute si besoin. Les méthodes de contraception n’ont aucun secret pour moi et je connais plutôt bien leurs avantages et inconvénients donc n’hésitez pas à poser vos questions lors d’une téléconsultation si vous n’êtes pas sur le territoire ligérien.
