LES REGLES

Honte ou dégoût, force est de constater que le tabou autour des règles est toujours d’actualité. Les règles ont longtemps été considérées comme un enjeu féminin plutôt qu’un enjeu de société, non pris en charge par les pouvoirs publics. Ce sujet reste relativement peu abordé pourtant, il concerne tout le monde directement ou indirectement et a des conséquences sur la vie quotidienne aussi bien sur le plan familial que professionnel ou encore intime.

Définition et utilité

Il s’agit d’un écoulement sanguin périodique dû à l’élimination de la muqueuse utérine chez la femme, lorsqu’une fécondation n’a pas lieu, de la puberté à la ménopause.

Cet écoulement périodique est naturel. Chaque mois l’utérus se prépare à accueillir un œuf, résultat de la rencontre entre un ovocyte et un spermatozoïde. L’ovocyte a été libéré par la rupture d’un follicule qui se transforme en corps jaune, petite masse graisseuse qui sécrète une hormone, la progestérone, préparant la muqueuse à la nidation de l’œuf. Si aucun spermatozoïde ne parvient à rencontrer l’ovocyte, le corps jaune dégénère entrainant la destruction de l’endomètre sous la forme de règles qui s’écoulent par le vagin.

Les règles ont donc une utilité ; celle de renouveler la muqueuse utérine chaque mois. A l’heure où de nombreuses jeunes filles cherchent à enrayer le phénomène en ne respectant pas la période de trêve entre deux plaquettes de pilule, j’aime bien rappeler que les règles ont une utilité. Elles sont nécessaires pour préparer notre corps à une éventuelle grossesse au prochain cycle et elles servent aussi de signal d’alarme en cas de grossesse non désirée. Sauf cas très exceptionnel, une femme qui est enceinte n’a plus ses règles puisque le spermatozoïde a rencontré l’ovocyte.

Cycle menstruel

Le cycle menstruel est une période de préparation de l’organisme féminin à une éventuelle fécondation. Sa durée moyenne est de 28 jours, il s’étale du premier jour des règles jusqu’au premier jour des règles suivantes. Les 4 à 6 premiers jours sont rythmés par la période de menstruation, l’ovulation se produit au quatorzième jour (plus ou moins deux jours) et les nouvelles règles apparaissent au 28ème jour. La période féconde se situe donc entre le 12ème et le 16ème jour du cycle. Attention aux rapports non protégés en cette période si l’on ne souhaite pas avoir de bébé. Par ailleurs, à moins de connaitre parfaitement son cycle et sa période de fertilité, tomber enceinte à tout moment et notamment pendant les règles, c’est possible ! Pour éviter une grossesse non désirée mieux vaut avoir un moyen de contraception.

Je vous encourage chaque mois à noter sur un petit agenda papier, une application téléphone ou un calendrier spécial règles les jours où vous êtes réglées et s’il y a des douleurs.

Précarité menstruelle quèsaco

L’idée d’écrire un papier sur les menstruations m’est venue en travaillant sur un projet de lutte contre la précarité menstruelle au sein du Centre de Planification de Porto-Vecchio. J’ai découvert que l’Etat avait consacré au sujet 5 millions d’euros en 2021. Alors, qu’est-ce que cette précarité menstruelle ?

 Il s’agit du fait de ne pas avoir les moyens financiers d’acheter des protections périodiques pour se protéger pendant la période des règles (anti douleurs et remplacement du linge tâché compris). Dans la mesure où le prix moyen d’un paquet de serviettes hygiéniques oscille entre 60 centimes et 4 € on a du mal à imaginer que ça existe, hormis pour les femmes sans domicile fixe, mais si ça peut permettre de faire tomber les tabous des règles et de comprendre davantage la santé menstruelle, profitons de l’opportunité.

Dans les établissements scolaires, ce projet autour de la précarité menstruelle va peut-être nous permettre d’animer une séance en ce sens et de rappeler les bons gestes à adopter. Des points de distribution vont également être mis en place. Quelle femme n’a pas vécu un jour la désagréable expérience d’avoir oublié ses protections ou de n’avoir pas anticipé l’arrivée des Anglais ?

Douleurs menstruelles

A la puberté, l’arrivée des règles n’est pas toujours synonyme de douleurs abdominales. Pourtant, c’est la première cause d’absentéisme scolaire et la recherche médicale sur les douleurs ou pathologies liées aux règles est limitée. La première erreur à ne pas commettre est de se dire que des douleurs très importantes sont normales et que ça arrive à toutes les femmes tous les mois. Je vous encourage à en parler à un professionnel de santé qui pourra prescrire des antidouleurs pour soulager les maux de ventre, la pesanteur et les courbatures.

La deuxième erreur est de croire qu’il faut attendre que ça passe sans faire aucune activité physique. Le sport n’est pas contre indiqué et contribue même à réduire les douleurs modérées. Au-delà de 30 minutes d’exercice le cerveau sécrète des endorphines qui soulagent la douleur.

Quelques trucs et astuces pour soulager les souffrances :

Pour le confort, essayez dans la mesure du possible de porter des culottes sombres en coton, de bien vous désaltérer et de manger des aliments riches en fibres pour lutter contre la constipation et les crampes abdominales (flocons d’avoine, légumes verts, fruits…).

Buvez des tisanes de framboisier

Utilisez une bouillotte chaude ou froide suivant le ressenti

Restez active pour veiller au bon fonctionnement du corps

Dormez suffisamment

L’hygiène pendant les règles

1-L’hygiène menstruelle

Il existe maintenant une multitude de matériels de protection que les filles utilisent pour absorber ou retenir le sang des règles (jetables ou réutilisables, internes ou externes). C’est très personnel et à chacune de choisir celui avec lequel elle se sent en sécurité. Les formes sont adaptées aux différentes morphologies et les épaisseurs au flux. En ce qui concerne le flux moyen, qui interroge particulièrement les garçons, il représenterait l’équivalent d’une tasse par période de règles. Encore une fois c’est très personnel et cela peut varier au cours d’une vie de femme. On note par exemple une augmentation du flux après une grossesse ou lorsque on utilise un stérilet au cuivre comme moyen de contraception.  

A l’adolescence, de nombreux freins à l’apprentissage serein de l’hygiène menstruelle se présentent : gêne pour demander à aller aux toilettes, moqueries des élèves, absence de savon, de papier wc ou de poubelles dans les toilettes…Rappelons que la possibilité d’utiliser des tampons lorsqu’on est vierge est tout à fait possible, ça ne perfore pas l’hymen mais l’insertion peut être difficile quand on connait mal son corps. Dans tous les cas, on n’en place pas deux l’un sur l’autre pour éviter d’aller aux toilettes et on n’oublie pas de l’enlever toutes les 4 à 6h (8h maxi). Un tampon qui reste placé trop longtemps dans le vagin peut provoquer un choc toxique à la suite de la prolifération de bactéries, c’est relativement rare mais ça existe. En revanche, placer un tampon pour flux abondant et le retirer au bout d’une heure ou deux si on n’a un flux faible peut être très douloureux. S’il n’est pas assez imbibé par les menstruations, inspirez bien pour détendre votre périnée et le tirer délicatement et on se lave les mains avant et après l’insertion. Chaque produit a une notice d’utilisation, prenez le temps de la lire et d’appliquer les consignes.

2-Les déchets hygiéniques et l’environnement

Une parenthèse écologique qui me tient à cœur surtout en cette période de forte canicule. Les protections hygiéniques qu’elles soient bio ou non ne se jettent pas dans les toilettes. Aucun tampon, aucune serviette jetable n’est biodégradable et ils ne se dissolvent pas dans l’eau. Au contraire, comme beaucoup de produits courants, les protections périodiques contiennent des substances chimiques et sont nocives pour l’environnement. Vous risquez de boucher les canalisations ou de déverser des substances toxiques dans le milieu aquatique.

Que ce soit un tampon usagé ou une serviette, on remet dans l’emballage de la nouvelle protection ou on enroule dans du papier toilette avant de jeter à la poubelle. Si par malchance vous êtes chez la voisine ménopausée depuis 10 ans qui ne voit plus d’utilité à la poubelle dans les toilettes et bien mettez le tout dans sa poubelle de cuisine ou placez le dans votre sac à main pour le jeter plus tard.

3-L’hygiène corporelle

Pendant la période de règles, les femmes ont parfois l’impression que tout le monde devine ce qui se passe dans leur culotte, elles se sentent parfois sales ou ballonnées. Pour se sentir mieux, il est conseillé de se laver quotidiennement sans récurer, avec un savon doux. En ce qui concerne la température de l’eau, une douche chaude a tendance à couper le flux des règles quelques heures tandis que l’eau fraiche fluidifie le sang et donne une impression que le flux ne s’arrête plus. Ne pas faire de douche vaginale qui déstabilise la flore et favorise les mycoses.

La période Covid nous a réappris à nous laver les mains régulièrement, ne pas s’en priver avant et après le changement de protection.

Le sexe pendant les règles

1-On peut ou on ne peut pas ?

Les avis sont partagés concernant cette question, toujours est-il que les règles ne sont pas sales et il n’y a pas de contre-indication physiologique à faire l’amour pendant les règles. La seule contre-indication est de laisser une protection interne à l’intérieur pendant le rapport (tampon, coupe menstruelle) surtout si vous oubliez sa présence après. D’autre part, les deux partenaires doivent être sur la même longueur d’ondes car il y a quand même plus glamour qu’une vue sur un lit ensanglanté après l’acte ou encore la vue d’une nana en train de tirer sur la ficelle du tampon avant la pénétration. La femme ne doit pas « se forcer » à avoir un rapport de peur de priver son partenaire, il y a d’autre moyen de se donner du plaisir pendant cette période : fellation, masturbation mutuelle, sodomie…encore une fois suivant les goûts de chacun. Une chose est sûre les contractions utérines durant l’orgasme apaisent momentanément les douleurs abdominales liées aux règles. Tout est question d’envie et de bien-être, de culture, de croyances et de rapport au corps. On peut aussi s’abstenir durant cette période sans pour autant développer des complexes.

2-Les risques

Nous avons vu plus haut que la femme ovule vers le 14ème jour de son cycle. En théorie il y a donc peu de chances de tomber enceinte lors d’un rapport non protégé pendant la période de menstruations. Toutefois, certains cycles sont irréguliers et ne permettent pas de se fier au calendrier.

En ce qui concerne les risques de contracter ou de refiler une IST, avoir ses règles favorise la transmission des maladies. En fait le sang est le premier vecteur de maladie et la seule manière de se protéger efficacement reste l’utilisation d’un préservatif à chaque rapport.

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