Le désir sexuel ou libido est un phénomène psychologique qui se manifeste par l’envie de s’engager dans un comportement sexuel. Ces deux termes sont assez proches bien que la libido soit plutôt assimilée à l’appétit sexuel tandis que le désir n’obéit pas à un schéma unique que nous allons tenter de décortiquer.
L’origine du désir ?
Il se traduit par « j’ai envie de… ». Comme je le disais dans l’introduction, il n’obéit pas à un schéma unique mais plutôt à deux conditions :
- Reproduire une expérience agréable : si le rapport sexuel nous laisse un souvenir agréable, il est probable que nous ayons envie de renouveler l’expérience. Si au contraire l’expérience nous laisse un souvenir pénible (angoisse, contrainte, douleur, dégoût) cela va entrainer un refus de la vivre à nouveau.
- Curiosité : Dès le plus jeune âge, la curiosité est un moteur pour l’enfant. Elle lui permet de découvrir le monde et d’apprendre à se connaître lui même. Elle va également permettre à l’humain de découvrir la sexualité.
Les réactions sexuelles au désir
Le désir sexuel nécessite un gros travail de l’imagination ; il faut pouvoir imaginer de façon positive ce que l’on a envie de vivre ou de revivre (fantasme) . L’imagination correspond au fait d’être capable de vivre des rêves éveillés, à ressentir un plaisir psychique dans le corps. D’autre part, l’intensité de l’excitation sexuelle dépendra aussi d’une excitation manuelle. Des caresses prodiguées sur tout le corps puis sur les zones érogènes seront de nature à faire monter l’excitation ou au contraire à la bloquer. La perception des sensations cutanées nécessite que la personne ait appris à aimer être touchée. En général l’individu ne se souvient pas de ces moments de découvertes sensorielles alors qu’il découvre son corps dès le stade de nourrisson. En général les patients sont capables d’évoquer des souvenirs de perception de sensations ou de découverte de différence des sexes plutôt vers l’âge de 6 ans.
Si le bon équilibre hypothalamique est atteint, l’excitation sexuelle engendre les réactions sexuelles réflexes chez l’homme et la femme à savoir : le réflexe d’érection et le réflexe de lubrification vaginale. Il ne suffit donc pas de vouloir être excité pour l’être, l’homme et la femme doivent pouvoir lâcher prise pour permettre aux sensations de monter librement.
Hormones et désir
A la puberté, l’apparition de la masturbation chez les jeunes correspond à l’importante augmentation du taux d’hormones mâles et femelles. Par la suite, notre cerveau aura toujours besoin, pour garder ou acquérir une capacité érotique, de baigner dans un sang ayant un taux hormonal adéquat. Cette imprégnation hormonale varie en fonction des différentes phases de notre vie (ovulation, grossesse, fatigue, dépression, vieillissement, ménopause, andropause). Heureusement, nous avons vu plus haut que la libido n’est pas uniquement liée au taux d’hormones dans le sang.
Puisque nous parlons d’hormones, je souhaite faire une parenthèse sur la pilule contraceptive qui est souvent mise en cause par les femmes souffrant d’inhibition du désir sexuel. Effectivement quelques années en arrière, des pilules de 3ème et 4ème génération ont occasionné des accidents graves de thromboses veineuses et ont poussé les femmes à diaboliser ce moyen de contraception. Pourtant, dans une majorité de cas, la sexualité est plutôt bien vécue sous pilule contraceptive. Si ce n’est pas le cas il y a d’autres moyens de contraception non hormonaux vers qui se tourner. On peut aussi vérifier plusieurs hypothèses pouvant expliquer la baisse de désir dans le cabinet d’un sexothérapeute afin de considérer la question d’un point de vue psychologique :
- sécheresse vaginale rendant le rapport douloureux
- avoir un ou une partenaire plus demandeur/se
- un blocage des conditions nécessaires à la naissance du désir et de l’excitation sexuelle
- traumatismes vécus
- rapports sexuels non satisfaisants…
Le rôle du fantasme
Le désir sexuel et le plaisir sexuel passent aussi bien par l’imaginaire que par la réalité. C’est une capacité à désirer, imaginer et à jouir.
Le fantasme érotique est un scénario imaginaire mettant en scène le plus souvent deux personnes ou plus et une action sexuelle qui les relie. Il joue un rôle primordial dans notre épanouissement sexuel dans la mesure où le fantasme et l’excitation érotique s’autoalimentent pour soutenir l’activité sexuelle. Le fantasme est une béquille à la sexualité, permettant le compromis entre désir profond et réalité. Certains fantasmes servent à faire monter l’excitation et la tension sexuelle et d’autres favorisent l’orgasme. Ils peuvent aussi survenir en dehors de toute activité sexuelle soit pour compenser une frustration liée à un manque de rapports soit comme activité préliminaire à une situation érotique future. L’utilisation de ces fantasmes fait appel à l’imaginaire érotique, la capacité d’un individu à se représenter une situation à l’aide d’une association d’images qui ont un sens.
Cela nécessite donc un travail de l’imagination : imaginer de façon positive l’acte sexuel que l’on a envie de vivre. Les écrans et particulièrement les vidéos pornographiques empêchent cet imaginaire de travailler correctement. Le fait de regarder des scènes toutes faites avec des acteurs entrainent une certaine amertume et crée de la frustration si la reproduction des actes ne conduit pas au paroxysme visionné dans le film.
Je vais préciser un peu mes dernières phrases, le fantasme facilite le changement de niveau de conscience nécessaire pour être à l’aise en situation érotique mais n’a pas pour vocation d’être forcément réalisé. On peut très bien se servir d’un fantasme de relations à plusieurs, d’adultère, de pratiques saugrenues pour atteindre un certain niveau d’excitation sans pour autant passer à l’acte. La réalisation d’un fantasme est le plus souvent décevante et parfois même traumatisante parce que la réalité est bien trop gênante pour être vécue.
Désir en berne
En sexualité, nous pouvons être parasités par des facteurs personnels et des fantasmes troublants liés au passé vécu.
Je disais en début d’article que pour désirer quelqu’un ou quelque chose, il faut pouvoir imaginer de façon positive ce que l’on va vivre mais il y a parfois des facteurs psychologiques de nature à inhiber cet imaginaire.
Des traumatismes en relation avec la sexualité dans l’enfance ou à l’âge adulte peuvent influencer votre désir de faire l’amour. De la même façon qu’il peut exister des facteurs personnels tels que :
- une mauvaise image de son corps,
- une impression d’être maladroit/e au lit,
- une incapacité à ressentir des sensations,
- un comportement inadapté du ou de la partenaire lors d’un précédent rapport ou d’un rapport lointain,
- des conflits dans le couple,
- l’impression d’être devenu/e un unique objet de désir,
- une fatigue généralisée,
- une inadéquation avec les pratiques que vous aimez…
Pour trouver des solutions, étant donné l’intrication de différents facteurs, je vous conseille de vous faire aider.